CHAPITRE XII
— “Je tiens le Chef d’État-Major, Ael !” émit Katel. “Il vient d’entrer en conférence, avec des Généraux de Procyon et le Directeur du Département Armée.”
Ils étaient installés dans des cafèt’ proches du Parlement d’Altaïr II et en fouillaient les pièces, depuis deux jours. Sans trouver de responsables d’un niveau assez élevé.
Dès leur arrivée, ils avaient chargé les conteneurs des huit derniers Transmetteurs dans la soute de la Barge puis s’étaient attelés à leur nouvelle tâche.
— “Essaie de nous guider, vous avez entendu Michelli et Phi ?”
Ceux-ci confirmèrent brièvement.
— “C’est une salle de conférence au dernier étage. Je ne sais pas comment vous guider, je suis tombée sur eux par hasard.”
— “À tous, prenez contact avec un appariteur du rez-de-chaussée et cherchez les salles de conférence occupées, au dernier étage.
— “Je les ai,” lança Phi, excité.
— “Moi aussi,” émit le Sarmaj.
— “O.K. c’est bon pour moi aussi. On se partage les tâches. Je prends le Chef d’État-Major. Katel, tu te charges du Directeur du Département Armée. Phi, tu prends l’un des deux plus gradés des Généraux de Procyon et Michelli, l’autre. On va commencer par les laisser travailler en écoutant leur conversation. On les prendra en charge à la fin de la conférence. Pendant notre imprégnation ils seront ‘absents’. Donc on ne les lâche pas tant que l’un de nous n’a pas terminé. De cette manière ils auront tous l’impression que ce qu’on va mettre dans leur crâne aura été dit à la fin de la conférence. N’oubliez pas de verrouiller l’imprégnation. Ils ne doivent parler à personne, pas même entre eux, de ce projet et exiger la même chose des subordonnés chargés d’exécuter leurs ordres, sous peine des sanctions les plus graves. Un secret d’État. Je vais commencer à écouter, moi aussi, et décrocherai pour chercher le Directeur-Sécurité, beaucoup de choses dépendent de la discrétion et du comportement des Miliciens chargés de retrouver les Anciens. O.K. On y va.”
Il était question d’une réorganisation de l’Armée. Ses Bases planétaires lui manquaient terriblement. Le rapatriement sur des planètes quasi-désertes, souvent glacées, provoquait un malaise au sein des unités. Les officiers de carrière n’avaient pas digéré l’attitude du gouvernement après la guerre, même si les tabassages n’avaient visé que les anciens civils, l’Armée de métier avait été protégée. Certains Généraux renâclant avaient dû être virés discrètement. Tellement discrètement, d’ailleurs, que personne n’avait revu certains d’entre eux…
Le but de la conférence était de chercher comment rapatrier les deux armées sur des planètes de pionniers en évacuant les rares occupants et de créer des Bases-satellites, dans l’espace. Un projet coûteux ne faisant pas l’unanimité des Généraux qui ne se sentaient coupable de rien et ne savaient comment justifier cette mise à l’écart aux unités.
Le ton monta entre un général de Procyon et le Directeur du Département Armée. Le militaire n’avait pas froid aux yeux.
Ael quitta la conférence et se remit en quête du Directeur Sécurité, également patron de toutes les Milices de l’Union, dont seul l’adjoint était là. La chance finit par lui sourire quand il eut l’idée de sonder un Chef de service, aux ordis, qui connaissait les emplois du temps de tous les Directeurs du Gouvernement. Le Directeur Sécurité, Darzay, revenait d’un voyage à Procyon et arriverait au Parlement en fin de matinée.
Ael revint aussitôt à la conférence et suivit la fin du débat. Les Généraux, de Procyon et d’Altaïr, venaient de s’incliner, à contrecœur, en devinant les sous-entendus du Directeur du Département Armée.
— “On y va,” lança Ael en se concentrant, la tête baissée vers son gobelet vide.
Il pénétra très vite dans le cerveau du Chef d’État-Major. Il y lut un sentiment de révolte et d’écœurement, mais la conscience de ce que sa soumission était nécessaire. Il obéirait et organiserait cette mise à l’écart plus confortable, mais qui lui paraissait assez dangereuse, au moment où la puissante Confédération du Centaure se montrait assez entreprenante…
Ael introduisit l’imprégnation et interdit à son cobaye de montrer le moindre signe extérieur de satisfaction, pas de sourire de contentement ou quoi que ce soit. Il ressentit le soulagement qu’éprouvait, au même instant, le Chef d’État-Major, qui décidait de se mettre à ce travail d’urgence ! Il verrouilla soigneusement l’imprégnation sur l’ordre de faire enregistrer la mention “disparu” sur les dossiers des Anciens retrouvés et le laissa en attente pendant qu’il se glissait dans le cerveau des autres participants. Chez eux aussi, le travail était terminé.
— “O.K., on les lâche,” fit-il.
Il suivit les participants à la conférence, qui quittaient la salle sans dire un mot.
— “Katel, le Directeur du Département Armée a réagi comment ?”
— “C’est vraiment un type mauvais, arriviste. Il est parfaitement indifférent au sort des Anciens. J’ai utilisé une variante en le persuadant qu’il s’agissait d’une mission secrète et spéciale dont l’avait chargé personnellement le Président. Du coup, il a changé complètement, fier comme un gamin d’avoir été choisi par le Président pour quelque chose d’aussi important et il a montré une volonté absolue d’appliquer le projet, en dissimulant les dépenses qu’il allait occasionner. Mais c’est un gars redoutable, qui a une personnalité extrêmement forte. J’ai noté, au passage, qu’il est très jaloux du Directeur Sécurité qui a finalement plus de pouvoir que lui. Il pense qu’il a la haute-main pour l’exécution, devant son rival.”
— “Un fameux panier de crabes,” constata Ael. “Bien, Darzay ne doit pas tarder à arriver à l’astroport. Si on pouvait le trouver pendant qu’il se rend au Parlement, ce serait parfait, on aurait le temps de l’imprégner fortement. Il faut qu’il pense qu’en réalité, c’est lui qui a la responsabilité totale de l’opération et que le Directeur du Département Armée s’est fait blouser par le Président. Mais il doit être conscient que c’est un boulot très délicat, pratiquement, et qu’il doit se montrer très sévère sur l’application à la lettre de ses instructions en utilisant son adjoint. Je viens de penser qu’on va ajouter aux unités prioritaires à rechercher et emmener, des techniciens de santé et des travaux généraux. On en aura tout de suite besoin sur Amas II.”
— “Pourquoi de santé ?” interrogea Phi.
— “Parce que la proportion de femmes y est plus grande et qu’il faut égaliser autant que possible les sexes, comme on l’a dit. Bon, pour Darzay, je suppose que le Parlement sera prévenu de son atterrissage ; si vous êtes fatigués, il suffit que l’un d’entre nous prenne la veille aux Coms du Parlement.”
Ils répondirent qu’ils étaient en forme et en profitaient pour essayer de glaner quelques informations dans un bureau ou un autre.
Ael sortit de concentration et ses yeux croisèrent ceux d’un type qui le regardait. Tout de suite, il le sonda. C’était un type de la Sécurité, chargé de la protection du Parlement ! Il y en avait ainsi un certain nombre qui surveillaient en permanence les alentours de l’immense bâtiment.
Il allait prévenir les autres quand le type vint directement à lui.
— Qu’est-ce que vous faites là ? lâcha le gars d’un ton pas commode.
Ael se mit en communication avec ses amis pour qu’ils entendent la conversation.
— Vous le voyez, répondit-il, j’attends.
— Quoi ?
— Une amie, qui est très en retard.
Le type sortit d’un étui de ceinturon un petit contrôleur de bracelet comme Ael n’en avait jamais vu.
— Vérification d’identité, dit l’inconnu. Placez votre bracelet sur cette plaque.
Ael le regarda dans les yeux avant de découvrir son bracelet, recouvert par la manche de sa combinaison.
— Vous pouvez le constater, je suis étranger à Altaïr.
— Collez votre bracelet, je vous ai dit.
— Vous voulez contrôler un étranger, membre d’une autre Fédération ?
— Si vous n’obéissez pas, je vous contrôle de force, à vous de choisir.
Ael s’efforça de ne pas trahir la colère qui montait et tendit le poignet. Le gars regarda le petit écran sur lequel s’inscrivaient les informations classiques d’identité. Puis il pressa un contact.
— Pourquoi n’a-t-on pas accès au reste des informations ? interrogea-t-il.
— Vous êtes en train de parler à un ministre plénipotentiaire étranger, vous l’avez lu, n’est-ce pas ? C’est la coutume, ici, de leur manquer de respect à ce point ? Je vais néanmoins vous répondre : parce que, dans ma Fédération, ces informations sont considérées comme confidentielles et seules des personnes habilitées peuvent y avoir accès.
— Ce n’est pas normal.
— C’est ainsi, chez nous. Par ailleurs, c’est conforme aux exigences de l’Organisation des Fédérations Galactiques. Or, vous avez vu le sigle de l’OFG en incrustation sur mon identité et ma qualité… On peut dire que je suis une sorte de haut dignitaire de ma Fédération, ce qui me donne droit à des égards, partout dans le monde connu.
— Qu’est-ce que c’est que cette Fédération Libre de l’Amas ?
— Une petite Fédération de création récente, mais officielle, comme l’atteste le sigle de l’OFG.
— Un sigle, ça s’imite.
Le regard d’Ael se durcit.
— N’importe quel fonctionnaire sait que ce sigle-là est inimitable, de même que ces bracelets. Alors, qui êtes-vous exactement ?
— Avez-vous pris contact avec nos autorités, à Altaïr ?
— Je suis en visite privée et commerciale. Notre Fédération a besoin de matériels, je compare les prix des grandes Compagnies, dans le Monde.
— Vous avez réponse à tout, hein ? Je ne vous aime pas, Madec. Vous êtes né à Altaïr, c’est sur votre bracelet, vous seriez un ancien soldat que ça ne m’étonnerait pas.
— Je ne vous demande pas de m’aimer, mais de respecter les règlements Galactiques. Vous savez que je suis en droit de porter plainte auprès de l’OFG pour cet interrogatoire, après que j’ai fourni la preuve de ma qualité d’étranger ?
— Et vous… vous savez que si je vous embarque, vous n’en aurez pas l’occasion ?
— Là, vous venez de me menacer de séquestration et c’est grave. Je pense que vous perdez votre sang-froid. Je ne suis pas seul, ici. L’OFG peut être alertée par mes compatriotes.
— À condition qu’ils sachent où vous êtes.
— Ael… désolée d’être en retard. J’ai vu un centre d’achats intéressant et je ne me souvenais plus très bien de l’endroit où nous avions rendez-vous. Nos amis arrivent.
Katel venait de surgir à côté de la table, le visage souriant. Elle avait compris la situation et venait de se téléporter à proximité, probablement.
— Qui êtes-vous ? lança le type, un instant démonté.
— Et vous ? renvoya la jeune femme, tranquillement.
— Sécurité d’État. Tendez votre poignet pour un contrôle d’identité.
— Ah, ça ? Qu’est-ce que… ?
— Obéis-lui, Katel, dit Ael. Apparemment, sur cette planète, les contrôles d’identité sont fréquents. Il doit y régner une forte insécurité, je suppose.
— Il n’y a pas d’insécurité dans l’Union, riposta le gars, pas content.
— Je ne pense pas que nous allons rester longtemps dans l’Union, dit Ael, figure-toi que ce fonctionnaire parlait de m’embarquer pour m’empêcher d’alerter l’OFG. Il me disait que sans témoins je serais désarmé.
— Mais je suis un témoin, que je sache, et nos amis ne sont pas loin. Ils verront ce qui se produit… Que se passe-t-il dans l’Union, Ael ? C’est devenu un régime Milicien où même les dignitaires étrangers ne sont pas à l’abri ?
— Dites donc, vous… commença le gars d’un ton agressif.
— Qu’avez-vous dit ? C’est une façon incorrecte de s’adresser à un ministre plénipotentiaire et vous le savez !
Elle dégrafa le haut de sa combinaison, montrant un petit carré métallique pendant à une petite chaîne.
— Nous sommes menacés d’être arrêtés par un pseudo-Milicien, dit-elle très vite, comme s’il s’agissait d’un petit Com, dans une cafèt’ proche du Parlement. Ne bougez plus. Si je ne vous rappelle pas dans quelques minutes, déposez une plainte auprès de l’OFG pour séquestration ordonnée par le gouvernement de l’Union… Voilà, que décidez-vous. Monsieur ?
L’homme de la sécurité remit son contrôleur dans son étui de ceinture et fit demi-tour sans dire un mot, se dirigeant vers la porte.
— “Phi, sonde le type qui nous parlait,” ordonna rapidement Ael.
— Darzay arrive dans un Mobil officiel, fit Katel.
Tout se précipitait, soudain.
— On l’accroche tous les deux. Imprégnation très forte, ensemble, et verrouillage, lâcha Ael avant de se concentrer.
Il le découvrit presque tout de suite. Le convoi de Mobils officiels n’était plus loin du Parlement. Il se glissa dans le cerveau de Darzay, sentant Katel l’y rejoindre. De toute sa volonté, il inonda les neurones du Directeur Sécurité de l’Union. Il lui imprégna que le projet était de lui, dans le but de reprendre en main la population, arrêter les accès de violence qui commençaient à déborder le cadre de l’armée, et que le Président l’en avait félicité, mais avait beaucoup insisté sur la discrétion totale de l’opération. Il aurait même ajouté que ce serait un test sur l’obéissance des forces de sécurité à leur Directeur, plutôt contesté, ce qui avait flanqué la frousse à Darzay !
Katel releva la tête en même temps que lui.
— On file à l’astroport, dit-il. Contacte Phi pour savoir ce qu’il a découvert.
Ils se dirigèrent vers la sortie et allèrent jusqu’à la borne la plus proche pour appeler un Mobil. Se tournant, il découvrit un autre Mobil garé, seul, plus loin. Le type de la sécurité, à tous les coups…
— Katel, attention, le gars nous surveille depuis un Mobil. Il a peut-être un matériel d’écoute à distance. Continue avec Phi, je vais meubler la conversation.
— Je suis stupéfait de l’attitude de cet homme, dit-il à voix haute. Je ne veux pas rester dans cette Union. Il ne manque pas d’autres Fédérations où nous pouvons nous équiper et commercer. Je pensais déposer une plainte officielle contre lui mais, après tout, il ne fait probablement qu’appliquer des consignes. S’il ne nous poursuit pas de contrôles désagréables, je ne ferai rien… Ah voilà notre Mobil.
Ils s’y engouffrèrent.
— “Il laisse tomber,” émit-il. “Ça va. Mais on file à l’astroport.”
— C’était un type vicelard, rapporta Katel. Phi dit qu’il prend un malin plaisir à profiter de sa position.
— Je vais lui imprégner des coliques brutales à chaque fois qu’il décidera de faire un contrôle, décida Ael en cherchant le cerveau de l’homme de la sécurité.
Katel mit une main devant sa bouche pour étouffer un rire.
— Ce que j’aime en toi, dit-elle, c’est que tu n’abuses jamais méchamment de tes pouvoirs, même quand on a affaire à un sale type. Tu trouves toujours un truc marrant.
Ils se turent quelques instants regardant défiler les larges avenues.
— On va regarder si le type des dossiers militaires nous a bien expédié les coordonnées d’Anciens pilotes de Procyon, faciles à joindre, pour les quatre Barges qu’on a commandées, dit-il. Si c’est fait, on leur adresse un message et un billet de transport pour la Base où les engins ont reçu les modifications des Props. Je pense que si les pilotes n’ont trouvé effectivement que des boulots au sol, ils sauteront sur l’occasion. On ira les rencontrer avant de prendre la décision de les emmener avec nous. L’une des premières choses qu’on leur demandera sera de convoyer un Transmetteur et une balise sur Altaïr II, je veux qu’on puisse y aller facilement et très vite. On trouvera un petit hangar à louer, il n’y aura pas de problème. Phi nous renseignera.
— Pour l’instant, on fait quoi ?
— On décolle pour aller chercher les projecteurs des Transmetteurs. Il faut que Phi les assemble, dans la Barge. C’est le plus urgent pour évacuer les premiers gars qu’on trouvera.
— À propos, tu connais cette planète pionnière, M 64, dont tu as donné les coordonnées aux militaires pour rassembler les Anciens ? demanda Katel.
— Non, mais je me suis visionné des informations. Elle a l’air d’être assez vaste pour que l’arrivée d’un bâtiment de la Spatiale déposant le matériel, loin à l’écart, ne soit pas remarquée.
À bord, ils prévinrent le Contrôle qu’ils décollaient. Ils eurent immédiatement un couloir prioritaire pour gagner l’espace.
Une fois entré en Temps Relatif, Ael annonça qu’il allait discuter le coup avec Grosse Tête. Les autres eurent envie de faire la même chose avec les copains qu’ils s’étaient faits dans le monde des auras.
— “Les choses vont comme tu le veux, Ael ?” demanda l’aura.
— “En gros, oui. L’opération est lancée. La Sécurité recherche les Anciens et l’Armée leur paiera le transport jusqu’à une planète de pionniers de l’Union d’où on les Transmettra sur Amas II.”
— “Et ta planète. Amas II, comment vas-tu l’organiser ?”
— “C’est un gros morceau. Au début, il va d’abord s’agir d’installer tout le monde dans du préfabriqué de l’Armée, en plusieurs endroits d’un seul continent. Il faut la peupler, pas faire une seule ville, immense. Mais cela implique que l’on va avoir besoin d’engins pour que tout le inonde puisse se déplacer, de matériels de tous les genres. Je vais à nouveau faire appel aux surplus de la guerre. À Procyon, probablement, qui a commencé plus tard à vendre les siens et où il doit rester davantage de choses. Néanmoins, ça va coûter beaucoup plus cher, maintenant. Je voudrais explorer les mers d’Amas II pour connaître la faune, il faut un matériel particulier. J’ai pensé à installer une usine de plats préparés de poissons, qui sont assez rares et chers dans le Monde, et représentent un débouché sûr. Bref, il y a un travail fou et une installation onéreuse, c’est vrai. Mais il faut lancer l’économie de la planète dès aujourd’hui.”
— “Et tu auras besoin de spécialistes, aussi.”
— “Oui, je sais cela.”
— “Notre ami qui vient d’ailleurs nous a récemment proposé de vous aider avec un moyen paisible que vous pourriez, probablement commercialiser après l’avoir utilisé, et qui n’a pas d’applications violentes, je t’ai dit. C’est un système d’enseignement rapide par injection hypno-mémorielle. Le contenu de quartz enregistrés, contenant des connaissances, est injectés à des élèves, au moyen d’un casque, pendant un sommeil hypnotique. Partant de la base, un sujet au Q.I. normal peut ainsi acquérir les connaissances d’un technicien spécialisé en quelques semaines, dit notre ami. Dans son monde, à 18 ans, tous les habitants avaient un très haut niveau de qualifications sans difficultés et sans failles. C’est en avance sur votre époque, mais je pense que vous pourriez vous en arranger. Et, après vous en être servi et installé sur Amas II, si vous touchez des dividendes sur chaque quartz, sur chaque casque fabriqué, dans ta galaxie, cela représente des rentrées d’argent régulières pendant très longtemps. Qu’en dis-tu ?”
Ael était sans voix ! Son cerveau bouillonnait. Dans le Monde, on suivait des études dans les Maternas pour que les meilleurs atteignent, à 18 ans, un niveau théorique de Technicien, et beaucoup plus pour les meilleurs qui, dans ce cas seulement, changeaient de Maternas et poursuivaient leurs études jusqu’à 20 ans. Mais des connaissances qu’ils devaient ensuite apprendre à mettre en pratique et à améliorer… Michelli, par exemple, n’avait pas suivi la cadence imposée, dès le début, à 4 ans. Celle-ci servait de test pour départager ceux qui allaient pouvoir atteindre un niveau supérieur et ceux, la grande masse qui, pour une raison ou une autre, apprenaient le minimum, avant une spécialité modeste, plus tard. Or, le Sarmaj n’était pas bête, loin de là. Sa volonté d’apprendre n’était apparue que plus tard. Trop tard, c’était tout.
Ils étaient très nombreux dans son cas. Ce nouveau principe d’acquisition des connaissances, donc de la réflexion, devrait permettre d’éviter l’apparition de brutes comme celles qui avaient pratiqué les tabassages… C’était le niveau intellectuel d’une population entière qui s’élevait !
Ael finit par répondre.
— “Et il n’y a pas de raté, d’après ton ami ?”
— “Il ne peut pas y en avoir parce que les connaissances ne sont introduites, automatiquement, que lorsque les précédentes sont acquises. Ce n’est que le temps qui départage les sujets. Mais que représentent trois ou quatre semaines de plus ou de moins ?”
— “C’est un fabuleux bouleversement social, Grosse Tête. Un progrès d’une civilisation. Elle peut devenir moins agressive avec un niveau de connaissances beaucoup plus élevé.”
— “Notre ami nous a dit que la cadence des conflits avait considérablement baissé à partir du moment où le système a été généralisé, chez lui. Penses-tu que cela t’intéresse ?”
— “‘Intéresser’ n’est pas le mot. Grosse Tête. C’est exceptionnel. Si je comprends bien tout repose sur les casques, le contenu des quartz et la fabrication de ceux-ci, non ?”
— “La fabrication, non, elle se fait par copiage instantané. C’est le premier quartz – celui qui sert de modèle, dans chaque spécialité – qui est long et délicat à enregistrer. Ensuite, il suffit de le remettre à jour. Mais il ne contient pas seulement les connaissances théoriques d’un sujet. Grâce à l’hypnose il comprend aussi une ‘visualisation’ et une ‘appréhension’ personnelle du sujet. Il connaît, ‘ressent,’ si tu veux, les effets de telle ou telle chose. Ainsi un technicien de physique, a ‘vu’ le déroulement d’une expérience même spatiale, dans sa tête, après le cours. Il la reconnaît, ensuite, dans la réalité, et peut la reproduire, évidemment. Un pilote, par exemple, connaît les sensations ‘physiques’ d’un décollage, avant de les avoir ressenties véritablement pour la première fois.”
— “Tu as raison, les enregistrements sont primordiaux.”
— “Ils sont réalisés par un spécialiste de très haut niveau, dans chaque domaine. Ensuite, un pédagogue refait l’enregistrement, avec le premier spécialiste. C’est vrai que, chez notre ami, tout le monde était télépathe ce qui facilitait l’enregistrement. L’enseignant était mis en condition pour régurgiter ses connaissances depuis le début.”
— “Cela voudrait dire que nous formions des télépathes pour ‘interroger’ des enseignants. C’est facile pour nous, comme tu le sais, mais il y a un certain danger à multiplier les gens disposant de ce don.”
— “Lequel ?”
Ael se demanda encore s’il avait bien raison de vouloir révéler leurs secrets à Grosse Tête. À l’instinct il décida de foncer.
— “Sur la première planète, Amas I, bombardée de rayonnements durs qui développent nos neurones, il n’y a pas que la télépathie qui surgit. Et nous réfléchissons beaucoup aux conséquences de tout cela.”
— “Que veux-tu dire ?”
— “Un autre sens, ou un don, apparaît en même temps. La télékinésie ou la téléportation, par exemple.”
Il y eut un nouveau silence. Cette fois c’était Grosse Tête qui était bluffé. Il finit par émettre :
— “Ainsi, toi ?”
— “Je me téléporte à volonté d’un endroit à un autre sans une dépense excessive d’énergie.”
— “Et tu avais peur d’en parler, c’est cela ?”
— “Cela nous effraie. Imagine que n’importe qui apprenne comment on peut obtenir ces dons. Non maîtrisés ou appliqués dans un but de pouvoir, ils peuvent être redoutables, dans notre civilisation actuelle.”
— “Vous êtes des sages, Ael. Tu as raison de ne pas en parler et je comprends ton cas de conscience. Tu devras choisir avec un soin tout particulier ceux que tu rendras télépathes. Mais c’est faisable.”
— “Avec le temps tout est faisable, mais l’aurons-nous ?”
— “Alors que décides-tu pour ce système d’enseignement rapide ?”
— “Je n’ai pas le droit de refuser, Grosse Tête, les prolongements sont trop importants pour refuser une chance pareille. Mais Amas II risque de devenir très connu, brutalement. Nous risquons même d’être attaqués par une autre Fédération. Je pense de plus en plus à créer des sociétés écrans, dans le Monde, pour laisser ignoré notre niveau de Connaissances.”
— “Dans l’amas, vous ne risquez rien. Quelques Transmetteurs bien placés, dans ce que tu appelles le creux du fer à cheval, repousseraient automatiquement des bâtiments hostiles à l’autre bout de la galaxie, au fur et à mesure de leur apparition. Et une infiltration, au travers de l’amas, est impossible avec de grands engins. Non, vous êtes à l’abri, Ael. Un abri que vous pouvez quitter à volonté avec les projecteurs. Vos Barges ne sont pas si grosses qu’elles ne puissent être ‘Transmises’ ailleurs, depuis le sol jusque derrière un blocus, par exemple. Il faudra que tu prévoies d’installer des balises sur d’autres planètes éloignées de ta galaxie. Ainsi vous pourrez apparaître ici ou là sans que personne ne puisse le deviner.”
— “Un réseau de balise… mais de projecteurs aussi,” fit Ael tout en réfléchissant. “Le système doit marcher dans les deux sens. En choisissant des astres morts, des planètes glacées ou, encore mieux, de gros satellites naturels c’est faisable, évidemment… avec du monde.”
— “Mais du monde, tu en disposes. Tu as établi une priorité avec des unités d’Altaïr et de Procyon. Il n’y a pas qu’elles dans vos armées dissoutes. Tu disposes d’une réserve énorme d’hommes et de femmes qui souhaiteraient émigrer, pour une raison ou une autre.”
Ael se sentit accablé par l’immensité de la tâche. Au début, lui n’avait voulu que sauver autant de pauvres diables qu’il le pouvait, quelques centaines probablement, en leur proposant la paix sur une planète vierge, et voilà qu’il avait la responsabilité de créer une Fédération qui serait, techniquement, à la pointe du progrès dans la galaxie, du moins dans certains domaines. Une Fédération leader. L’idée lui fit peur, il se sentit dépassé ! Il demanda à Grosse Tête de faire connaître à Phi et Katel le détail des principes de fabrication de ce système d’enseignement, casques et quartz, lui voulait réfléchir longuement sur leur utilisation.
— “Tout cela me gêne terriblement, Grosse Tête,” émit-il.
— “Qu’est-ce qui te gêne ?”
— “Tout ce que vous faites, tes amis et toi, pour nous.”
— “Tu sais, ici, il n’y a pas beaucoup de distractions… Désormais tout le monde connaît votre existence, dans le magma et nous sommes très excités.”
— “Néanmoins, il y a quelque chose d’anormal dans cette histoire.”
— “À quoi penses-tu précisément, Ael ?”
— “Rien de précis, tout est confus dans ma tête… Dans la nature il y a deux… comment dire, deux mondes celui des vivants et celui des morts. Changer l’ordre des choses, établir des passerelles, je me dis que ce n’est pas… sain, si tu veux. Que ça ne correspond pas à, comment dire, l’architecture, le destin des êtres. Que nous commettons une terrible faute, que nous modifions le cours des choses, de la nature même du Cosmos… Ah je ne sais pas comment préciser ce que je ressens ! Un malaise, en tout cas.”
— “Tu veux dire qu’il y a ce qui est mort, d’un côté, et ce qui est vivant, de l’autre ?”
— “Oui, c’est assez ça… Et que nous commettons une terrible faute en pénétrant dans votre univers, en établissant des transferts. Que ça ne correspond pas à… une sorte de Loi Supérieure des choses.”
— “Dis donc, ce n’est pas un peu religieux, ça ?”
Il y avait une vague moquerie dans l’émission de Grosse Tête et Ael réagit.
— “Je ne suis pas religieux, je te l’ai dit !… Mais peut-être, effectivement, suis-je plus ou moins tourmenté par quelque chose. Le bouleversement que nous avons apporté à cet Ordre des choses. Ma conscience, ou je ne sais quoi, me tourmente. Je ne suis pas du tout sûr de la justesse de ce que j’ai déclenché…”
Ils avaient recruté huit pilotes de Procyon, deux par Barges. Les types avaient réussi à échapper aux tabassages et à trouver un emploi, mais ils étaient cloués au sol dans des travaux de pionniers, souvent. Les hommes avaient été sondés avec soin et imprégnés. Cinq anciens Pilotes de combat, et trois d’Intercepteurs. Il n’y aurait aucune rivalité entre eux, trop heureux de voler à nouveau, même sur des Barges, et de ne plus craindre d’être découvert !
La soute arrière de la première Barge était encombrée de Transmetteurs que Phi et Katel montaient. Finalement, ce n’était pas des engins très encombrants. Des cylindres de six mètres de long sur deux de diamètre. Chaque Barge en était équipée, avec une balise, évidemment.
Ils étaient maintenant en route vers la planète de recueil des Anciens : M64, les cinq Barges en formation, en Temps Relatif, ce qu’ils ne pouvaient voir sur les écrans, évidemment. Mais Grosse Tête avait confirmé qu’une trajectoire, en Temps relatif, était immuable.
Cela faisait quatre mois qu’Ael et les autres avaient quitté Amas II. Il se décida un jour, à l’heure du repas.
— Vous allez peut-être me traiter de sous-développé commença-t-il…
— Tiens, il va y avoir du nouveau, jeta Katel, d’un ton ironique.
— J’ai un problème de conscience, depuis un certain temps, poursuivit Ael, sans sourire.
— Pas de quoi avoir honte, au contraire, remarqua Phi, en le chambrant, c’est la preuve que tu en as une.
— Ouais… Enfin voilà ce dont il s’agit. Le copain de Grosse Tête vous a communiqué, à Katel et à toi, les plans d’un système inconnu, il y a déjà quelque temps.
— Oui, et qui est toujours inconnu, expliqua Katel. Chacun de nous en a reçu une partie, on en a parlé entre nous, après avoir tout enregistré sur l’ordi, mais on n’y comprend rien. On supposait bien que tu étais au courant mais qu’il y avait un problème quelconque.
— Pas un problème, non, une sacrée trouille. C’est un truc qui permet un enseignement hypno-mémoriel. En quelques semaines, on acquiert des connaissances, pendant un sommeil hypnotique. Des connaissances définitivement imprégnées dans le cerveau. Ça veut dire qu’on peut former un technicien supérieur, dans n’importe quel domaine, physique quantique, biologie fondamentale ou appliquée, ou simplement pilote galactique, spécialiste Com, Prop ou ce qu’on veut… Et cela en relativement peu de temps. De l’ordre de plusieurs semaines. Disons dans les trois mois dans les cas les plus lents. À condition, bien entendu, d’avoir enregistré préalablement des quartz contenant un cours complet, clair, surtout.
Ils restèrent tous muets un moment. Puis Phi demanda :
— Et alors ?
— Alors c’est un moyen d’élever considérablement le niveau de connaissances des Anciens qu’on va ramener, c’est vrai, mais le but final était de s’en servir pour financer notre Fédération. Après les Coms révolutionnaires, on va attirer l’attention de toute la galaxie avec ça. Adieu la tranquillité, l’anonymat qu’on recherchait. On peut même craindre que l’Union, simplement elle, veuille savoir d’où nous vient ce savoir brutal et nous conquérir… Imaginez ce que représente ce système pour une Fédération ou une Union qui en aurait l’exclusivité, ou qui aurait les moyens de l’appliquer le plus vite, sur une grande échelle. C’est de la domination de la galaxie dont il s’agit. D’où mon problème de conscience. En fait, j’ai beau tourner et retourner ça dans ma tête, je n’arrive pas à me décider.
— Dis-moi, Cap, fit Michelli. Ton problème c’est qu’une Fédération prenne trop d’avance sur les autres, c’est bien ça ?
— Tu le résumes bien, Michelli.
— Et si on prenait les choses à l’envers, en deux temps ? On commence petits et on finit grands. Par exemple, on crée une Compagnie d’enseignement, dans chaque Fédération, en s’associant, ou pas, avec un groupe économique qui n’y verra qu’une source de bénéfices. Et on propose d’améliorer le niveau de ceux que ça intéresse. Ils ne paient pas trop cher, mais sur le nombre, on devrait gagner pas mal d’argent, non ? Mais on ne révèle rien, techniquement, à notre associé. Pour diriger l’enseignement, on sélectionne des gars qu’on imprègne à mort, après l’avoir sondé pour vérifier qu’il est bien ce qu’il prétend. Personne n’en tirera un mot. Par ailleurs, personne n’est, à l’heure actuelle, capable de comprendre le principe et de le copier, pas vrai ? Plus tard, bien plus tard peut-être, on s’attaque à l’OFG. On organise, à Véga XX, une conférence des gouvernements, qu’on fait connaître dans toute la galaxie. Et là, on propose à toutes les Fédérations de bénéficier du système, dans les Maternas où sont élevés les enfants. Du coup, toute la galaxie se retrouve au même point.
Ael regarda le Sarmaj avec curiosité.
— Michelli… tu te rends compte que je me suis torturé le cerveau à essayer de trouver des solutions tordues et toi, tu t’amènes là, tout paisible, avec une idée tout ce qu’il y a de plus simple mais qui élimine tous les cas de dérives. Michelli, tu as du génie !
Le colosse minauda en susurrant :
— Mais c’est votre contact à tous. Cap.
Pris au dépourvu, ils se mirent à rigoler comme des gamins. C’était nouveau ce genre de réparties, chez le Sarmaj. Il n’avait jamais fait cela, pendant la guerre. Il changeait, s’ouvrait. Comme eux tous, probablement.
— On va lancer ça, décida Ael. Phi, il faut que je me rende à Amas II. Tu peux me Transmettre depuis la soute, et m’en ramener, bien sûr ? Pendant que vous continuez vers M64.
— Oui, bien sûr, même si ça me flanque la frousse.
— Mais dis donc, on va se retrouver sans pilote, nous, dans cette barge ? fit Michelli, inquiet.
— Je serais revenu avant qu’on n’émerge. Et, s’il y avait un pépin, vous en connaissez assez tous les deux pour manœuvrer. Enfin, il y a les autres Barges. Vous expliquerez que vous avez besoin d’être guidés et ils vous prendront en charge. Mais, dans ce cas, dites-leur de faire une plongée vers l’amas, avec vous.
— De toute façon, tu n’y vas pas seul, Ael, dit Katel, soudain sérieuse. Emmène Michelli ; je me débrouillerai, ici, ne t’inquiète pas.
— Je ne veux pas y rester longtemps. Je voudrais convaincre Gregg et Antonio de s’engager davantage avec nous. Gregg a l’expérience de l’organisation matérielle, et Antonio celle de gérer un plan d’ensemble. Ils nous seront précieux. Il faut s’occuper et prévoir tant de choses qu’on n’y suffit plus. Je l’avais retardé mais il faut aussi acheter des Plateaux en quantités pour Amas II et les y transférer, par exemple.
— Tu veux faire passer les Colonels par Amas I ? interrogea Katel.
— Pas au départ. Ce sont des organisateurs que je cherche. Ils sont citoyens de la Fédération et peuvent se déplacer dans la galaxie sans risques, désormais. Mais il sera certainement nécessaire de leur donner nos dons, s’ils correspondent bien à ce que nous pensons, et s’ils sont d’accord.
— J’ai sondé Antonio en profondeur, au début, dit Katel. C’est un type profondément honnête et pas amer. Pas le genre à tirer la couverture à lui. Je pense qu’on peut compter sur lui.
Ael hocha la tête.
— Bien, quand peux-tu me faire partir, Phi ?
— Avec Michelli, insista Katel, je t’en prie.
— O.K., ça te va, Sarmaj ?
— Depuis le temps que j’ai pas pris de bain en mer, j’vais pas refuser, Cap !
Curieusement, il retrouvait parfois son langage d’autrefois. Comme si une situation ramenait le “Sarmaj” à la surface.
— On va tester la balise et un Transmetteur, cet après-midi, répondit Phi. On avait déjà installé un Transmetteur à demeure, au premier niveau de la soute. Ensuite, ce sera quand tu voudras. Pour le retour tu n’as pas à t’inquiéter. Le transfert se fait devant la balise choisie et réglée sur le Transmetteur, où qu’il soit. Donc tu te retrouveras dans notre soute, même si on a émergé ailleurs, par exemple ou si on est en Relatif.
— O.K., alors j’envoie tout de suite un appel vers Amas II, avec le Com, pour les prévenir et tu nous éjectes demain matin.
Cette nuit fut assez agitée pour Ael. Le lendemain, il se retrouva avec Michelli, au milieu d’un vaste cercle tracé sur le plancher de la soute supérieure.
Assis sur la coque du Transmetteur qu’ils emmenaient, il se sentait assez tendu, s’efforçant de ne pas le montrer. C’était la première fois qu’ils utilisaient cette Transmission instantanée. Malgré la confiance qu’il avait dans le copain de Grosse Tête, l’opération était tellement nouvelle que, mentalement, il était mal à l’aise.
— Katel, lança-t-il soudain, si quelque chose arrivait, on reprendrait contact par l’intermédiaire de Grosse Tête. Gardez tous votre petit cristal-Porte sur vous.
— O.K.
— Ça va démarrer, fit la voix de Phi… À bientôt, Ael.
Il ne ressentit rien et pensa que quelque chose n’avait pas marché. Et puis il sentit une forte odeur de plantes…
Suivie aussitôt d’un cri.
— Qui que vous soyez restez cachés !